Les formations et études supérieures en journalisme sont en plein essor en Afrique subsaharienne. Elles sont proposées entre autres par les universités, les écoles supérieures, les instituts, les organisations à but non lucratif, les conseils des médias, les organismes de régulation, les syndicats, les diffuseurs publics et les médias commerciaux. Une analyse préliminaire et fragmentaire de 19 pays, que nous avons réalisée au début de cette étude en n’utilisant que des bases de données et des sources fiables, a couvert au moins 127 centres, principalement des universités, des collèges et des instituts. Rien qu'au Nigeria, il y aurait 66 centres1 ; en Afrique du Sud, une étude récente a réduit une liste substantielle à 13 institutions2 ; tandis qu’en Ethiopie, le gouvernement a fourni une liste de 19 universités publiques proposant des études en journalisme.
Plusieurs des centres pris en compte dans cette étude s’étendent et explorent de nouveaux territoires. Parmi eux, Wits Journalism (Département de Journalisme de l’Université de Wits à Johannesbourg) planifie la création d'un centre de journalisme ; the School of Journalism and Media Studies de Rhodes University vient de lancer son premier cours entièrement en ligne et homologué, l'un des pionniers de la région ; the Ghana Institute of Journalism et the School of Journalism and Communications de University of Addis Ababa déménagent tous deux dans des locaux imposants - dans le cas de The University of Addis Ababa, l'école occupera même cinq étages dans un nouveau bâtiment.
Le Premium Times Centre for Investigative Journalism du Nigeria concrétise le projet d’offrir un enseignement à distance selon une approche modulaire en Afrique de l'Ouest. Le Namibia Media Trust a revu le contenu de ses cours pour proposer un apprentissage en ligne et cherche également à s'étendre en Afrique de l'Ouest. amaBhungane a récemment mis en place son IJ Hub, un réseau d'organisations de journalistes d'investigation de plusieurs pays.
Dans le même temps, des centres plus récents comme la Graduate School of Media and Communications de l’Aga Khan University du Kenya, d’une existence de cinq ans mais qui a lancé ses programmes universitaires il y en a seulement deux, ont une position ascendante dans le pays et dans la région, et bénéficient d’ores et déjà d’une solide réputation. D'autres introduisent de nouveaux programmes de licence ou de maîtrise en journalisme, tandis qu’un centre plus récent comme SheWrites, SheLeads, qui se concentre sur la formation des femmes aux compétences de base du journalisme, va s’installer dans ses propres locaux au Liberia et étendre ses activités. Parallèlement, en 2019, l’University of Lesotho a créé la première école de formation en journalisme du pays.
L’émergence de ces centres, dans le contexte spécifique de leur situation nationale, dépend de critères tels que le pouvoir et la diversité de l'environnement médiatique, la disponibilité des financements et autres ressources annexes (notamment techniques), ainsi que l'environnement réglementaire du secteur de l'enseignement. Toutefois lorsqu’il s’agit de procéder à l’état des lieux de la formation en journalisme dans un pays particulier, c'est le travail de tous ces groupes et leurs interactions qu'il faut garder à l'esprit.
Ce rapport qui se concentre sur dix (10) pays présente un aperçu des centres de formation et d’études supérieures en journalisme en Afrique subsaharienne. Bien que l'accent principal de cette recherche ait été mis sur les institutions telles que les universités, les écoles et les instituts, nous avons adopté le terme générique de "centres" afin d’inclure certaines initiatives locales des organisations à but non lucratif, ainsi que celles intrinsèquement liées aux médias commerciaux.
L’objectif réside en une tentative d’identification des tendances de l'enseignement et de la formation en journalisme en Afrique subsaharienne, des défis et des domaines de créativité et d'enseignement, ainsi que ce que nous nommons "centres s’adaptant à un environnement changeant".
La dernière cartographie des centres de formation des journalistes sur le continent semble avoir été réalisée il y a plus de dix ans par l'Unesco3, bien que des études spécifiques à chaque pays aient ensuite été menées4. Les besoins en formation des journalistes font également l'objet de recherches dans au moins deux nouvelles études qui devraient paraître prochainement5. Le présent rapport doit donc être consulté en référence au contexte particulier de ces études. Bien que les observations générales formulées ici soient nécessairement limitées à la sphère des recherches, il est à espérer que cette étude contribuera à combler une lacune dans la compréhension et la prise de conscience émergentes de la dernière décennie.
Kalmar, Sweden: Fojo: Media Institute , 2020. , p. 57